Un produit de beauté périmé garde-t-il son efficacité et représente-t-il un danger pour la santé? Il est hélas plus simple de poser la question que d’y répondre clairement!
Vous venez d’acheter une crème antirides dans un précieux petit pot et vous savez déjà que vous allez l’utiliser avec parcimonie. Au fait, jusqu’à quand reste-t-elle utilisable? Vous consultez l’emballage, mais ne trouvez aucune date limite de vente.
Rien d’illégal à ça: les cosmétiques sont soumis à l’article 23 de l’Ordonnance sur les objets usuels, qui prévoit que tout produit d’une durabilité de plus de 30 mois n’a pas l’obligation de mentionner une date limite de vente. La même réglementation est d’ailleurs en vigueur dans la Communauté européenne.
Un petit tour dans quelques parfumeries et pharmacies permet toutefois de constater que les produits de beauté de marques pharmacologiques (ce qui ne veut pas dire thérapeutiques!) ont une date de péremption indiquée sur l’emballage. Encore mieux: elle figure parfois sur le tube ou le pot lui-même. Selon Peter Huber, de Spirig Pharma, les produits cosmétiques de marque vendus en pharmacie sont testés comme les médicaments. Ils ont en général une durée de stabilité de deux à trois ans après la fabrication. La date de péremption indiquée sur ces produits est donc une indication précieuse pour le consommateur.
Produits de beauté et âge : information cachée
Par contre, en parfumerie, la plupart des produits de beauté des grandes marques se passent de cette indication. Le vendeur a certes un code interne pour les dates limite de vente, mais l’acheteur ne le connaît pas. Il est vrai que l’informatique permet une mise à jour des stocks très fiable.
Dans les grandes surfaces, il semble d’ailleurs que la question ne se pose même pas, tant l’écoulement de la plupart des produits est bon: «Et si un produit ne se vend pas, précise-t-on dans une pharmacie, on le retourne au fournisseur.» En bref, le consommateur n’a pas d’autre choix que de faire confiance au commerçant… et au fabricant pour être sûr d’acheter un produit efficace.
Odeur et aspect
Il ne reste donc que l’odeur et l’aspect d’une crème pour renseigner sur sa fraîcheur. Existe-t-il un risque quelconque à utiliser un produit de beauté périmé? Et le vieillissement d’un produit le rend-il plus allergénique? «Les produits riches en lipides s’oxydent et les produits hydratants peuvent subir une contamination microbienne répond le professeur Hans Leuenberger, de l’Université de Bâle.
Les risques d’allergie ne peuvent donc être exclus, même si la peau a un bon système de défense. Mais ce sont avant tout les agents conservateurs utilisés qui provoquent des allergies.» Pour le spécialiste en technologie pharmaceutique une réglementation plus précise concernant la vente des cosmétiques serait donc bienvenue pour le consommateur, et conduirait les fabricants à admettre que les principes actifs de leurs produits ont une certaine fragilité.
D’autant qu’outre le risque pour la santé que peut représenter l’utilisation d’un produit de beauté périmé, le consommateur peut aussi raisonnablement se poser des questions sur la durée du principe actif du produit. On sait, par exemple, qu’une crème solaire n’est efficace que durant une saison… Mieux vaut donc ne pas oublier que les produits de beauté sont aussi fragiles que la peau dont ils sont censés prendre soin.
Au frais mais pas au frigo
Pour bien conserver les produits de beauté, mieux vaut les placer à l’abri de la chaleur et de la lumière, mais en aucun cas au frigo.
Utiliser un produit dans les 6 à 12 mois suivant son ouverture. Les produits solaires, en particulier, ne devraient pas servir deux ans de suite.
Pour les crèmes en pot, bien se laver les mains avant l’utilisation ou utiliser une petite spatule.
Un produit dont l’odeur ou l’aspect s’est modifié doit absolument être jeté.